comment acheter du street art

Peut-on acheter du Street art ?

L’art de rue, né comme une forme d’expression contestataire et éphémère, a connu une évolution remarquable ces dernières décennies. Aujourd’hui, le street art s’est imposé comme un mouvement artistique à part entière, suscitant l’intérêt des collectionneurs et des amateurs d’art du monde entier. Mais la question demeure : peut-on réellement acheter de l’art urbain ?

œuvre de banksy pour illustrer l'article

La réponse est oui, mais avec des nuances importantes. L’achat de street art est devenu une pratique courante, mais elle soulève de nombreuses questions éthiques, légales et artistiques qu’il convient d’explorer.

Comment acheter une œuvre de street art ?

Auprès galeries spécialisées :

De nombreuses galeries d’art se sont spécialisées dans l’art de rue. Elles travaillent directement avec les artistes pour proposer des œuvres créées spécifiquement pour la vente. Ces galeries offrent une garantie d’authenticité et une traçabilité des œuvres, essentielles dans ce marché parfois opaque.

Lors de ventes aux enchères :

Les maisons de ventes aux enchères prestigieuses comme Sotheby’s ou Christie’s, ainsi que des maisons plus spécialisées, organisent régulièrement des ventes dédiées à l’art urbain. Ces ventes ont contribué à la valorisation financière du street art, avec des œuvres atteignant parfois des prix spectaculaires.

Durant les foires d’art :

Des événements comme Urban Art Fair à Paris ou Moniker Art Fair à Londres sont devenus des rendez-vous incontournables pour les amateurs d’art de rue. Ces foires permettent de découvrir une grande diversité d’artistes et d’œuvres, des plus établis aux talents émergents.

En ligne, sur des sites spécialisés :

Internet a démocratisé l’accès au marché de l’art. Des plateformes comme Artsy ou Artsper proposent un large choix d’œuvres de street art, rendant l’achat accessible à un public plus large. Cependant, l’achat en ligne nécessite une vigilance accrue quant à l’authenticité des œuvres.

Directement auprès des artistes :

Certains artistes urbains ont développé leur propre circuit de vente, que ce soit via leurs sites web personnels, leurs réseaux sociaux ou des éditions limitées. Cette approche permet un lien direct entre l’artiste et l’acheteur, mais nécessite souvent d’être bien informé et réactif.

Les défis et considérations éthiques

L’art urbain soulève de nombreuses questions éthiques et pratiques. L’utilisation fréquente de pseudonymes par les artistes de rue complique l’établissement de la propriété et de l’authenticité des œuvres, particulièrement pour celles retirées de l’espace public sans autorisation. Le vol d’œuvres directement dans la rue est un phénomène préoccupant qui intéroge la légitimité de leur achat et de leur revente, tout en privant le public de l’expérience de l’art dans son contexte original.

La commercialisation du street art fait également débat au sein de la communauté artistique. Certains y voient une trahison de l’esprit originel de cet art, conçu comme libre et accessible à tous. De plus, la nature éphémère de l’art de rue, destiné à évoluer ou disparaître avec le temps, entre en contradiction avec la volonté de préserver et de commercialiser ces œuvres. Cette tension entre la préservation et le caractère transitoire de l’art urbain soulève des questions fondamentales sur l’essence même de cette forme d’expression artistique et son rapport à la société contemporaine.

faut il acheter du street art

L’exemple emblématique de Banksy

Banksy, l’énigmatique artiste britannique, incarne parfaitement les paradoxes et les défis du marché de l’art urbain. Son parcours est jalonné d’événements qui mettent en lumière les complexités de ce monde artistique en constante évolution. En 2013, l’affaire de son œuvre « Slave Labour », arrachée d’un mur londonien pour être mise aux enchères à Miami, a provoqué un tollé international, soulevant des questions cruciales sur la propriété de l’art de rue. Face à la prolifération de faux, l’artiste a dû créer « Pest Control« , un organisme dédié à la certification de ses œuvres, bien que cela n’ait pas complètement endigué la circulation d’œuvres non autorisées.

Le street artiste originaire de Bristol n’a jamais caché son mépris pour la marchandisation de son art. Son geste le plus retentissant fut sans doute l’autodestruction spectaculaire de sa toile « Girl with Balloon » lors d’une vente aux enchères en 2018, juste après son acquisition pour plus d’un million de livres. Ce coup d’éclat a marqué les esprits, illustrant de manière frappante sa critique du marché de l’art.

Paradoxalement, malgré ses prises de position contre la commercialisation, les œuvres de Banksy continuent d’atteindre des prix records sur le marché. Cette situation met en lumière le contraste saisissant entre la nature subversive de l’art urbain et sa valorisation financière croissante. L’histoire de Banksy illustre ainsi les tensions inhérentes au street art contemporain, tiraillé entre son essence rebelle et son intégration progressive dans le monde de l’art traditionnel.

Finalement, faut-il acheter du street art ?

L’achat de street art reste un sujet complexe, oscillant entre le désir de posséder une pièce unique et la préservation de l’essence même de cet art urbain. Bien que la commercialisation soulève des questions éthiques, elle offre aussi aux artistes la possibilité de vivre de leur art et de poursuivre leur créativité.

L’enjeu réside donc dans la recherche d’un équilibre : soutenir les artistes tout en respectant la nature publique et éphémère du street art.

Un achat responsable, privilégiant les œuvres créées pour la vente ou en collaboration directe avec les artistes, peut contribuer à cet équilibre. Cependant, il est crucial de se rappeler que la véritable essence du street art demeure dans son accessibilité et son impact dans l’espace urbain, invitant chacun à apprécier cet art vivant et évolutif directement dans les rues de nos villes.

Top↑