Elle habille ses tasses d’une empreinte originale et réjouissante : couleur, fils de soie… Marie Heele-Decoster revisite la porcelaine sous l’influence de paysages industriels.
ll est des accidents providentiels. Depuis un moment, Marie Heele-Decoster réfléchissait à conjuguer ses deux passions, la couture et la céramique, dans la réalisation de ses objets. L’intuition était là, il a fallu qu’en cours de finalisation, un bout de porcelaine se brise et offre l’espace nécessaire à la réalisation d’un raccommodage au fil de soie doré des plus design. Bien lui en a pris : cette jeune femme a été retenue parmi les jeunes créateurs de l’année 2013 par les Ateliers d’art de France, et s’est donc vu offrir une belle tribune à Maison & Objet en janvier 2014. Entre-temps, on découvrira cet automne au Grand Bassin à Roubaix, dans le cadre de l’exposition « Objets céramiques » sa collection de tasses qu’elle décrit comme « utilitaires », mais aussi ses autres objets sculptures, dont la série des Frangines, tasses toutes rondes qui laissent volontairement voir les traces de fabrication, et également ses étonnantes tasses Architecture, au coloris travaillé.
À 26 ans, elle a trouvé sa patte : un assemblage de bandes de porcelaine, qu’elle crée selon un moulage qu’elle a réalisé, puis qu’elle superpose les unes au- dessus des autres, comme un défi : « Je crée de petites structures… que j’empile jusqu’à la limite du point de rupture! » Son originalité réside aussi dans le traitement d’une empreinte, à michemin entre la broderie et le pixel : « Je pique la terre avec une aiguille pour réaliser des graphisme, et j’ajoute avant la cuisson un oxyde de cobalt dans chaque petit trou pour révéler le dessin. »
Dans ses créations, elle s’inspire aussi bien des motifs Liberty que d’autres plus psychanalytiques – avec un clin d’œil à la fameuse tache du test de Rohrbach! – et n’oublie pas les paysages industriels dunkerquois, sa région natale. Ingénieuse et pleine d’idées, cette jeune femme vient aussi d’être finaliste d’une école d’art de Douai, soit l’opportunité de monter sa première exposition personnelle en 2014, dans laquelle elle compte bien mettre l’accent sur ces « jeux de raccommodages ».
Encadré : Un design subtil, entre traces de fabrication et bandes de porcelaine superposées
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